« Confinement : Ces français qui vivent leur meilleure vie ». Jamais le titre d’un article de presse n’aura autant résonné en mon moi intérieur. Alors que bon nombre d’amis, de collègues ou de connaissances semblaient se lancer dans ce challenge la boule au ventre, Il semblerait que le confinement soit devenu mon nouvel allié. Ma bulle, mon moment de douceur, de déconnexion… Le présent d’une vie plus sereine servie sur un plateau… Tout en moi semble vivre ce moment particulier comme une bénédiction. Retrospective.
Soyons honnêtes. J’étais loin, très loin, d’être paniquée à l’idée de devoir rester chez moi pendant plusieurs semaines lorsque le confinement a été annoncé. Plutôt casanière, il ne m’est vraiment pas compliqué de devoir renoncer à des apéros sur la terrasse d’un bar, aux boîtes de nuits ni aux salles de sport. Et mon soulagement n’était pas des moindres lorsque j’ai appris que l’on considérait les pâtisseries comme de premières nécessités. Je m’y voyais déjà… Mon canapé, un plaid, mon ordinateur sur les genoux, du thé et du chocolat comme nouveaux compagnons de travail. Et malgré les petites pointes d’angoisses provoquées par un climat beaucoup plus anxiogène que je ne peux le supporter, l’envie d’aller me promener sur une plage rien que pour écouter et admirer la mer ou le regret amer d’un voyage avorté alors que la valise était déjà bouclée, je crois m’être vite aperçue que le confinement me permettait d’être là où je devais être à cet instant.
1. Prendre le temps d’avoir le temps…
Alors que ce chapitre semble toucher à sa fin, je ne cesse désormais de me répéter une seule et même chose… Celle que j’espère retenir comme une jolie leçon de vie : Le temps m’appartient. Plutôt constamment pressée que lente, j’essaie de me répéter que je me dois de le garder précieusement. De le chérir, tel un trésor.
Sans le savoir, on m’a offert un des plus jolis présents. On m’a concédé plus de temps, moins d’imprévus … On a boosté ma productivité et on m’a donné une belle occasion… Celle de trouver la force et l’énergie pour réaliser tous les défis que j’ai envie de me lancer. Me confiner a été ma manière de me retrouver. Celle de reconquérir ce qui me fait vraiment rire, pleurer, vibrer au quotidien.
Me priver des libertés les plus évidentes, m’a rendu le temps de lire, toujours plus, et a remis mes sens en éveil. Je me suis de nouveau délectée du parfum des pages et de leur toucher parfois un peu abrupt. J’ai retrouvé la liberté de travailler en sentant les rayons du soleil chauffer ma peau, j’ai réappris à me détendre ou à rire devant une bonne série. J’ai replongé dans le passé en m’allongeant pour observer les nuages… Et je me suis surprise à sourire en les observant. Les voir s’unir, se déchirer, danser et sembler y voir l’océan… Comme si j’avais fini par m’envoler pour admirer la planète bleue depuis l’univers…
2. Redonner sa place à l’imagination…
« Restez chez vous » qu’ils disaient. Quel doux discours salvateur.
Depuis ma home sweet home, j’ai eu l’impression que, pour la première fois de ma vie, il m’ a été demandé de rêver. On m’a accordé le droit de vivre mes émotions intensément. On m’ a demandé de cuisiner et d’y prendre plaisir. Sans se soucier du poids sur la balance. Sans jouer une course contre la montre. On nous a incité à nous délecter des odeurs venues tout droit du four, on nous a invité à apprécier, de nouveau, les sourires des passants en se rendant chez l’épicier du coin et ceux de ces brèves nouvelles rencontres en allant chercher son panier de légumes…
J’ai (ré)appris à me défaire du superficiel et à me recentrer sur l’essentiel. Je me suis laissée guider par les choses toutes simples. Celles qui devraient nous émerveiller encore et encore tout au long de nos vies. Celles-là même que l’on s’attèle à noyer sous des objectifs vains.
3. Covid-19 : Mon nouvel O2… Etre privée de libertés pour retrouver la mienne.
Dans cette société où l’on nous martèle qu’il ne faut « jamais remettre à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui » et que « l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt », le confinement a été comme synonyme d’une nouvelle formule chimique pour désigner l’oxygène.
La procrastination n’y était désormais plus un problème mais plûtot une solution. Elle a incarné l’aboutissement d’un tome un peu trop volumineux et m’a permis de dire adieu à certains dictats. Fini la course à la performance, le défi de la perfection, les cheveux impeccables à toute heure ou la peau meurtrie par les couches de poudres, de fards et de mascara. Être confinée m’a appris à m’aimer, moi, sans artifice. J’ai appris à connaître mes qualités et à me concentrer sur elles plutôt que sur mes défauts. Alors que dire du sentiment de liberté qui m’habite ? Que dire de cette sensation, un peu bizarre, d’être un oiseau qui a enfin pris son envol, loin d’une prison dorée ?
4. Tomber encore plus intensément amoureuse du monde…
Je retiendrai le silence suivi des applaudissements. Ces ovations qui ont remplacé les bruits du bitume. Et puis que dire de ces eaux devenues cristallines, des dauphins qui venaient danser, près du bord, pour nous offrir des spectacles à couper le souffle ? Comment imaginer que les musiciens n’avaient pas encore investi leur balcons pour nous faire danser ? Comment croire qu’il a fallu d’un virus pour que les gens choisissent de jouer ensemble depuis les fenêtres de leur immeuble sur des questions de culture générale ? Il m’a rendu mon optimisme un peu trop meurtri ces derniers temps. Il m’a prouvé que l’on pouvait être bon et solidaire et que le monde et son immensité pouvaient être encore plus beaux. À condition qu’on le permette.
5. Me lancer dans d’autres projets
Alors que certains tournent en rond et comptent les jours, comme en cellule, j’ai ressenti cette période comme un véritable apaisement. J’ai adoré les apéros improvisés sur Skype ou Messenger. J’ai profondément aimé m’ennuyer et chercher de nouveaux projets pour m’occuper.
J’ai pris pris plaisir à annoncer à mes amis et à mes proches que je voulais tenter de me mettre à la broderie et à toujours autant rater mes dessins. J’ai chéri mes séances de sport depuis mon salon ou les parties de Just dance. J’ai apprécié de ne plus avoir à prendre ma voiture tous les jours pour aller travailler… J’ai aimé suivre des live insta de philosophie, découvrir le quotidien d’une chargée de communication au sein d’une maison d’édition, ou les samedis après-midis à jouer aux Sims. Mais par dessus tout je savoure ce changement, cet apaisement et les souvenirs que cette période a pu m’offrir.
Et si le déconfinement m’angoisse dorénavant beaucoup plus j’ose y entrevoir l’évolution des mentalités. Comme une éternelle et candide optimiste…
Ma petite Laëtitia, 👏👏👏❤. Que c’est bien écrit. Félicitations. Tu as un don pour l’écriture.
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